S’approprier la pratique

Certains de ceux qui étudient avec moi constatent qu’ils préfèrent faire la méditation en marchant en utilisant une méthode légèrement différente de celle que je décris ici. Certains veulent prendre conscience de leurs émotions pendant plus longtemps, alors que d’autres veulent porter plus d’attention au monde qui les entoure, en particulier s’ils sont à la campagne. Pendant qu’ils marchent, certains veulent répéter une phrase d’affirmation, ou garder à l’esprit un enseignement bouddhique tel que l’impermanence. Je pense que c’est un excellent signe quand les pratiquants veulent adapter leur pratique de cette manière.

Habituellement, mon conseil ici est de vous approprier la méditation en marchant. Elle n’a pas d’étapes gravées dans le marbre. Vous pouvez la faire de votre propre façon. Je recommande de toujours commencer avec la prise de conscience du corps, mais vous devriez vous approprier la pratique et lui donner une forme qui réponde à vos besoins. D’autres, parmi ceux qui étudient avec moi, ont adapté les principes de la méditation en marchant en les appliquant à la course, au vélo, au skateboard, aux patins à roulettes, et même à leur jeu de rugby. Je suis toujours très heureux quand je vois comment certains appliquent de façon créative les principes de la méditation à d’autres activités qui leur sont importantes.

Deux exemples très intéressants sont liés à la randonnée et au rugby. Dans les deux cas, les personnes concernées se sont trouvées dans des situations physiques très exigeantes, dans lesquelles, d’ordinaire, elles se trouvaient dans des états mentaux très négatifs. Randonner peut devenir difficile, en particulier quand le temps se gâte et que l’on s’épuise. Une de mes étudiantes m’a raconté comment alors, en marchant, elle n’a cessé de lâcher prise de ses pensées négatives, et au lieu de cela a choisi de simplement prendre conscience de son expérience physique. Lorsqu’elle haletait en montant une forte pente, sa tendance habituelle était de se complaire dans un apitoiement sur elle-même, mais en pratiquant l’attention elle a réussi à rester dans un état d’esprit équilibré et positif, alors même que son corps la faisait souffrir.

Mon étudiante qui joue au rugby m’a raconté comment se passaient pour elle les quinze dernières minutes d’un match. A ce stade du match, elle était physiquement et émotionnellement épuisée. D’habitude, elle ne pensait à rien qu’à son désir de voir le match se terminer. Mais en pratiquant l’« être dans l’instant » et en étant simplement consciente de son expérience, elle réussit à grandement apprécier la fin des matches – même quand elle était allongée dans la boue avec quelqu’un sur la tête. Elle est de façon évidente faite d’un bois plus solide que moi !

S’approprier ainsi la pratique vous donne plus de souplesse. Vous pouvez alors faire une méditation en marchant pendant deux minutes alors que vous allez d’un bureau à un autre, ou vous pouvez en faire une pendant les quatre heures d’une randonnée dans la campagne. Vous pouvez même adapter cette méditation à la course, et il est possible de faire une sorte de méditation en faisant du vélo. Un de mes amis paraplégique fait des « méditations en marchant » dans son fauteuil roulant. Une fois que vous vous êtes approprié la pratique de méditation en marchant, elle devient un outil très souple et très utile.