Pourquoi ce stade ?
On peut avoir beaucoup d’amis. Il y a peut-être quelques personnes avec lesquelles on ne s’entend pas. Mais la plupart des gens dans le monde sont des personnes « neutres » : on ne ressent envers elles ni des émotions très positives, ni des émotions très négatives.
Parfois cette neutralité est due au fait que l’on ne connaît pas encore très bien la personne. D’autres fois (en particulier en Occident), c’est plus une habitude culturelle.
En Occident, la plupart d’entre-nous vivons dans de grandes villes. Autrefois, quand la plupart des gens vivaient dans des villages, pratiquement tout le monde se connaissait : on aurait sans doute aimé certaines personnes, et d’autres pas. Si l’on avait rencontré un inconnu, on aurait été soit très intéressé et content de le voir, soit un peu soupçonneux, selon l’époque et l’occasion.
Mais aujourd’hui, on voit des centaines, voire des milliers de personnes dans les rues, dans les voitures, les restaurants, les bus et les magasins. On ne peut pas dire bonjour à tout le monde. Alors on met ses émotions en mode « neutre ». C’est une sorte de mécanisme de défense.
C’est sans doute une réponse saine à une situation extrême, mais avez-vous remarqué comme on reste coincé en mode « neutre » ?
Que se passe-t-il lorsque nous sommes dans un ascenseur ou assis à côté de quelqu’un dans le train ? Souvent, nous faisons comme si personne n’existait. Même quand quelqu’un nous sert (nous aide !) dans un magasin, nous pouvons le traiter comme une sorte de distributeur automatique humain.
C’est que nous sommes coincé dans un état neutre. Nous pouvons devenir coincé en nous-même, et parfois même avoir peur d’être humain. Et cette neutralité peut facilement devenir de la négativité. Nous pouvons nous frustrer et nous mettre en colère quand la queue dans un magasin semble aller trop lentement. Nous pouvons finir par être impoli avec le vendeur, bien qu’il soit déjà stressé.
C’est désagréable pour les deux.
Dans le troisième stade du Metta Bhavana, on apprend à se libérer de la neutralité. On remet en valeur notre pleine humanité.
On ose ressentir. On se reconnecte avec un autre être humain, le considérant comme un être qui ressent. On respecte.
On fait montre de solidarité avec d’autres êtres qui souffrent.