L’élément conscience
Le fait que la conscience soit un élément au même titre que les éléments physiques, voire que l’espace, n’est pas évident. D’une certaine façon, dans l’évolution de l’univers matériel, la vie est apparue, et durant l’évolution de la vie la conscience est apparue. On pourrait peut-être dire que la conscience représente les autres éléments se connaissant eux-mêmes.
Le Bouddha introduit cet élément ainsi : « Puis il ne reste que la conscience, lumineuse et purifiée. » Il se peut tout à fait qu’il ait fait ici référence à la nature intrinsèque de l’esprit, ou il peut simplement avoir voulu dire que l’esprit est devenu lumineux et pur parce que l’on a cessé de s’attacher aux cinq autres éléments. En tout état de cause, nous avons réalisé qu’il n’y a rien que nous puissions saisir, et notre esprit tourne maintenant son attention vers lui-même, le « saisisseur ».
À cette étape de la pratique, nous notons la façon dont les sensations, les pensées, les images et les émotions apparaissent, persistent pendant un moment, et puis s’évanouissent, et nous réfléchissons à cela. Aucune de ces expériences n’est permanente, et elles s’écoulent toutes simplement au travers de nous, tout comme la terre, l’eau, le feu, l’air et l’espace coulent au travers de notre forme physique. Ces « éléments de conscience » ne font donc pas intrinsèquement partie de nous, ne sont pas une part fixe de nous, ne sont pas nous. Tout comme il n’y a rien que nous puissions saisir, il n’y a ultimement personne qui soit là pour saisir.
Quand des sensations d’inconfort ou de peur apparaissent durant la pratique, comme cela arrive parfois, nous les traitons juste comme cela, faisant l’expérience de ces sensations d’une façon non-attachée, les entourant d’attention et de bienveillance, et réalisant qu’ultimement elles ne sont pas une partie de nous.
Ayant expliqué que les contenus de la conscience – plaisants, déplaisants, ou neutres – apparaissent et passent, et que l’on ne peut s’y attacher, « il ne reste, dans les mots du sutta, que l’équanimité, purifiée et lumineuse, malléable, maniable et radieuse. »
C’est l’équanimité qui provient du lâcher prise, quand on cesse de s’identifier à notre expérience. C’est l’équanimité qui vient de ne pas être pris dans nos histoires intérieures, de ne pas réagir avec aversion aux sensations déplaisantes, et de ne pas répondre aux sensations plaisantes par la saisie. C’est l’équanimité de l’acceptation.
Nous en venons à voir, profondément, que nous ne sommes pas les éléments physiques, ni l’espace qui les contient, ni non plus la conscience qui sait cela. Nous pouvons bien nous demander, donc, qui nous sommes, exactement. C’est une question que, dans cette méditation, nous pouvons considérer par l’expérience plutôt que par la pensée discursive. Plutôt que d’essayer de trouver une réponse en termes logiques, nous nous posons simplement la question, et restons assis, écoutant patiemment la réponse intuitive de notre cœur.
Quand je réfléchis ainsi, la réponse qui vient parfois est un sens du fait que nous sommes l’univers qui prend conscience de lui-même, que nous ne sommes rien de plus qu’une énergie consciente et divine, que de manière inhérente l’esprit est pur, lumineux, sage et aimant, et que nous commençons à connaître notre véritable nature. Mais, quoi qu’il ressorte de notre réflexion, nous continuons simplement à nous asseoir et à faire l’expérience des fruits de la pratique, jusqu’à ce que nous nous sentions prêts à passer à autre chose.
Je vous encourage une fois encore à vous engager dans cette pratique comme dans un exercice d’expérience de lâcher prise. Vivre, c’est lâcher prise, et afin de vivre complètement nous devons apprendre à lâcher complètement prise, et à embrasser le courant qu’est l’univers.