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La pratique des six éléments

vers un esprit meilleur

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L’élément terre

l'élément terrePour commencer, nous évoquons l’élément terre en nous-même. L’élément terre est tout ce qui est solide et résistant, tout ce qui nous donne notre forme.

Quand j’enseigne cette pratique, j’encourage les pratiquants à commencer en remarquant tout ce dont ils peuvent faire directement l’expérience : la présence physique et le poids du corps, la sensation des os des fesses contre le coussin ou la chaise, les mains reposant sur les cuisses, les genoux contre le sol, les dents.

Nous notons simplement ces expériences de solidité.

Nous notons ces sensations, mais nous entrons aussi dans une exploration imaginative du reste du corps. Même si nous ne pouvons en faire directement l’expérience, le sutta nous encourage à évoquer la chair, les tendons, les os, la moelle osseuse, les reins, le cœur, le foie, le diaphragme, et toute autre matière solide pouvant être considérée dans le corps, jusqu’aux matières fécales dans l’intestin.

Nous ne réfléchissons pas à ces choses ; nous les évoquons simplement, sachant ce qu’elles sont et en faisant l’expérience dans la vision de notre esprit.

Ayant considéré l’élément terre en nous, nous évoquons l’élément terre en dehors de nous : tout ce qui est solide et résistant en dehors de nous-même, commençant par le sol sur lequel nous sommes assis, puis continuant pour inclure les bâtiments, les véhicules, les routes, les montagnes, les roches, les cailloux, le corps d’autres êtres, les arbres, les plantes sauvages et les plantes cultivées.

Ici aussi, nous ne cherchons pas à réfléchir à ces choses ; nous cherchons simplement à évoquer des souvenirs sous la forme d’impressions sensorielles, faisant venir à notre esprit des images, des sons et des sensations tactiles.

Puis, nous réfléchissons au fait que tout ce qui est solide dans le corps et tout ce qui est solide à l’extérieur est le même élément terre. Il n’y a pas réellement d’élément terre « mien » et d’élément terre « autre », c’est la même chose. Nous pensons généralement à notre forme, à notre corps comme étant nous, comme étant nous-même, mais ici nous évoquons le fait que tout ce qui est élément terre en nous vient du dehors de nous et retourne hors de nous.

Étant plutôt scientifique – et je pense que le Bouddha lui-aussi l’était – j’évoque souvent le processus de la conception. Mon corps a commencé avec la création d’une seule cellule, issue de la fusion d’un ovule et d’un spermatozoïde de mes parents, lesquels ne sont pas moi. L’œuf fertilisé s’est divisé et a grandi pour former un embryon, en absorbant des nutriments venant du monde extérieur – du flux sanguin de ma mère, mais ultimement des plantes et des animaux qu’elle mangeait. Et de là, chacune des molécules qui a contribué tout au long de ma vie à l’élément terre dans ce corps est, de manière similaire, venue de l’extérieur.

Nous pouvons visualiser le flux de l’élément terre, des champs et du sol jusqu’à notre corps. Il n’y a pas une seule molécule de matière solide, dans notre corps, qui provienne de lui-même. Toutes sont empruntées.

Et il nous faut les rendre. En fait, nous sommes sans cesse en train de les rendre, à chaque moment de notre vie. L’élément terre en nous retourne constamment vers le monde extérieur. Nous perdons des cheveux et des cellules de la peau, et nous allons aux toilettes pour déféquer. De la matière solide est brûlée dans le corps, et est expirée.

Même nos os, auxquels nous pouvons penser comme étant les parties les plus solides et durables de notre corps, sont impliqués dans un processus continu de dissolution et de reconstruction. Il y a dans notre corps des cellules qui ont pour seule fonction de dissoudre l’os qui est autour d’elles, tandis que d’autres cellules sont impliquées dans sa reconstruction. Même nos os sont des processus plutôt que des choses.

L’élément terre en nous est donc emprunté, et il retourne toujours vers le monde extérieur, coulant en nous comme une rivière. Et quand nous considérons l’élément terre coulant ainsi, nous pouvons réfléchir : « Ceci n’est pas moi, ceci n’est pas à moi, je ne suis pas ceci. » Ce n’est même par vraiment une question de « lâcher prise » : l’élément terre n’a jamais été « nous », n’a jamais été « à nous ». Nous ne nous y sommes jamais attaché, car comment pouvons-nous nous attacher à quelque chose qui coule ?

L’élément terre est un paradigme des autres éléments physiques, qui sont tous traités de la même manière : nous évoquons l’élément en nous, nous évoquons l’élément en dehors de nous, nous considérons le fait que tout ce qui est « nous » n’est réellement qu’emprunté au monde extérieur, et y retourne constamment ; et finalement nous notons, quand nous contemplons l’élément coulant en nous, que « ceci n’est pas moi, ceci n’est pas à moi, je ne suis pas ceci ».