wildmind buddhist meditation
Bouddhisme et végetarisme

vers un esprit meilleur

boutique

L’éthique bouddhiste

Ne pas faire de mal

Une histoire venant de Chine raconte la rencontre antre un gouverneur provincial et un enseignant bouddhiste. En quête d’enseignements profonds, le gouverneur a risqué sa vie dans les montagnes sauvages pour venir rejoindre le sage Tao-Lin. Le gouverneur dût être grandement déçu lorsque Lao-Lin résuma en ces mots l’essence du bouddhisme : « Cessez de faire le mal ; apprenez à faire le bien ».

« Même un enfant de trois ans peut comprendre cela » répondit l’officiel perplexe et peut-être même dédaigneux.
« Ceci est vrai », dit Tao-Lin, « un enfant de trois ans peut comprendre cela, mais un homme de 80 ans trouve cela difficile à pratiquer ». (22)

Tout ce qui a l’air simple n’est pas forcément simple. Le Bouddha s’est souvent exprimé d’une façon très simple et directe comme dans les vers suivants tirés du Dhammapada :
« Tous les êtres tremblent devant le danger, tous craignent la mort. Quand un homme considère cela, il ne tue ni n’encourage à tuer.

Tous les êtres s’effraient du danger, pour tous la vie est chère. Quand un homme considère cela, il ne tue ni n’encourage à tuer. » (23)

Ces mots sont simples à comprendre en surface. Mais derrière l’apparente simplicité de ces vers il y a une vision de l’existence profonde, capable de nous transformer radicalement.

Il n’y a pas de mal plus grand que de tuer un autre être sensible. Tuer est l’expression ultime de l’indifférence au bien-être des autres. Tous, à l’exception de circonstances les plus extrêmes, chérissent la vie. Dans l’enfer contemporain des abattoirs modernes, les animaux crient et se recroquevillent de terreur quand ils réalisent l’imminence de leur fin de vie prématurée. Tous les êtres, en dehors de circonstances les plus désespérées, essaient d’échapper à la mort.

Souvent nous souhaitons dénier le fait incontournable que manger de la viande nécessite de tuer. Pour que la viande apparaisse dans une assiette, un animal doit mourir. Nos appétits sont une part d’une chaîne complexe d’événements qui résultent en souffrance et mort. Manger de la viande implique inévitablement la violence que l’on trouve dans les abattoirs et dans les fermes. La plupart d’entre nous avons été éduqués à manger de la viande, et nous n’avons pas été encouragés à penser vraiment à cela. Peu d’entre nous aurons vu souffrir les animaux de ferme. Si effectivement nous avions vu un animal terrorisé en face de nous, sur le point de se faire tuer, il est probable que nous ayons ressenti de la compassion, et que nous ayons souhaité que l’animal soit remis en liberté, mais, commodément, le « sale travail » se fait loin de nos yeux.

Peu de gens sont conscients de ce qui arrive aux animaux élevés pour l’abattage ou de ce à quoi ressemble la mort dans un abattoir. Peu d’entre nous avons eu un réel contact avec les fermes, autre que voir les animaux paître dans les champs parmi le paysage qui défile quand nous voyageons. Le plus gros de ce qui se passe dans les fermes modernes –comme nous l’avons vu – est profondément déplaisant. A cause de cela, les fermiers ont tendance à être sur la défensive, et préfèrent même garder secrètes leurs activités. (24) Une de mes amies, qui participait à la réalisation de films documentaires, m’a rapporté qu’elle avait trouvé plus facile d’avoir accès à des stations d’énergie nucléaire qu’à des fermes.

Souvent, c’est une question de ‘hors de vue, hors de l’esprit’. Nous ne savons pas et, franchement, nous préférons souvent ne pas savoir ce qui doit se passer pour que nous soyons nourris. Nous préférons perpétuer notre aliénation – notre manque de sens d’interconnexion avec les autres êtres vivants, parce que bien sûr ‘connaître’ et ‘se sentir connecté’ entraînent des pressions inconfortables qui pèsent sur nos vies.

Mais maintenant, peut-être, nous avons plus conscience des conséquences de nos actions quand nous mangeons de la viande. Quand nous sommes plus conscients que nos appétits entraînent une souffrance réelle, peut-être même éprouvons-vous une forte envie de changer. Cette forte envie peut être assez ardente pour que nous arrêtions d’un coup de manger de la viande – pour toujours. Il est aussi possible que nous ayons juste un petit doute insinuant et que nous nous retrouvions assez mal à l’aise avec notre conscience.

Pour beaucoup d’entre nous, manger de la viande donne beaucoup de plaisir, et changer notre régime alimentaire peut être un sacrifice que nous sommes réticents à faire. Cependant, une fois que nous sommes vraiment conscients des conséquences de nos actions, nous avons un dilemme. Notre réponse la plus profonde et la plus éthique est une compassion envers les animaux qui sont maltraités afin que nous puissions manger de la viande. Ce sens de compassion est en conflit avec nos habitudes et notre désir de continuer à faire ce qui semble nous donner du plaisir.

Dans les dilemmes de cette sorte, je trouve que le seul remède vraiment efficace est d’aller à la racine du problème, et de dénouer à un niveau éthique le conflit qui existe entre mes actions et ma conscience. J’ai besoin d’aller à la source de mon inconfort éthique et de décider d’abandonner les actions qui causent le mal et m’en tenir à cette résolution autant que j’en suis capable. Une fois que j’ai pris la décision de m’aligner sur ce qu’il y a de meilleur en moi, et d’agir en accord avec ce meilleur, alors je trouve que ma vie change pour le mieux. Quand, après ma visite à un abattoir, j’ai décidé de devenir végétarien, mon attachement au fait de manger de la viande s’est très vite évanouit. Beaucoup d’autres personnes ont fait la même expérience. Nous constatons que nos goûts changent et que nous arrêtons de trouver la viande appétissante et qu’elle commence à paraître répugnante. Nous constatons que nos amis commencent à éprouver du respect face à notre prise de position éthique – même si un ou deux peuvent être incertains au début. Nous pouvons même constater que nous devenons plus sûr de nous grâce à cette prise de décision qui est courageuse, allant ainsi contre les normes de notre culture. Arrêter de manger de la viande peut s’avérer être un vrai soulagement.